La Guerre d'Espagne by Antony Beevor

Auteur:Antony Beevor
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2015-08-25T16:00:00+00:00

Cinquième partie

TENSIONS INTERNES

Chapitre 22

LA LUTTE POUR LE POUVOIR

L’échec de quatre offensives contre Madrid en cinq mois ne fit pas que compliquer les relations entre Franco et ses alliés allemands et italiens, il provoqua également une vague de mécontentement au sein de la coalition nationaliste. Les carlistes n’avaient pas oublié la réaction violente de Franco lorsqu’ils avaient tenté de maintenir l’indépendance de leurs formations de requetés, et les « vieilles chemises » phalangistes partageaient les craintes de leur dirigeant défunt que l’armée ne les intègre et qu’ils ne perdent leur identité alors même qu’en une année ils étaient passés de trente mille à plusieurs centaines de milliers de membres.

Franco se tenait informé des évolutions au sein de ces deux groupes et ne s’inquiétait pas outre mesure, car l’alliance nationaliste exigeait un commandant unique et il n’avait pas de rival réel, ni au sein de l’armée ni à l’extérieur. Le principal dirigeant carliste, Fal Conde, était en exil au Portugal et son successeur, le comte de Rodezno, était bien plus docile. Le silence maintenu sur l’exécution de José Antonio Primo de Rivera à Alicante encourageait dans les rangs de la Phalange les rumeurs et les faux espoirs concernant sa survie. Cela empêchait de désigner un remplaçant permanent. Faupel, l’ambassadeur d’Allemagne, répéta dans un rapport à la Wilhelmstrasse la remarque d’un attaché italien : « Franco est un dirigeant sans parti, la Phalange un parti sans dirigeant {1}. »

En outre, la Phalange restait affaiblie par la scission potentielle qui résultait de la contradiction inhérente à la philosophie de José Antonio : les aspirations socialistes des anciens membres avaient été submergées par le nationalisme réactionnaire. Les « vieilles chemises » d’extraction populaire, conduites par leur chef, Manuel Hedilla, pouvaient citer José Antonio pour défendre le caractère fondamental de la dimension « socialiste » du parti, mais, dans le même temps, l’aile réactionnaire à présent plus puissante pouvait recourir à d’autres déclarations prouvant que la reconstruction de l’« Espagne traditionnelle » était au cœur de la pensée de José Antonio.

Ce fut ce second groupe, les réactionnaires modernes, qui entra en contact avec les carlistes au cours de l’hiver de 1936-1937 pour des entretiens secrets au sujet d’une alliance, tandis que les éléments « prolétariens », conduits par Hedilla, étaient hostiles à une telle initiative. Sancho Dávila, un cousin de José Antonio, qui était en rapport avec Fal Conde depuis avant juillet 1936, proposa une union des deux partis. Franco entendit parler en privé de ces discussions, qui eurent lieu à Lisbonne le 16 février, et bien qu’elles n’eussent débouché sur rien, il comprit que les problèmes risquaient de venir plutôt des rangs phalangistes que des carlistes, qui étaient des combattants disciplinés peu intéressés par les intrigues politiques.

Hedilla avait été le chef provincial de la Phalange à Santander, et il avait eu la chance de se trouver à La Corogne quand le soulèvement avait éclaté dans le Nord, car sa ville natale était tenue par la République. À La Corogne, il joua un rôle important, en engageant la Phalange bien armée aux côtés des rebelles pour s’emparer de la ville et en dirigeant ensuite la répression, qui fut l’une des pires en Espagne.

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.